Ateliers d'Art de France

Roberto Avila, lauréat régional 2018 du Concours Ateliers d'Art de France

Roberto Avila, verrier, lauréat de la région Grand-Est dans la catégorie Création pour son œuvre Trozo de espuma

Le choix du jury s’explique tant par la beauté de cette pièce unique que par la prise de risque de son créateur, l’expérimentation de la fusion et des réactions chimiques (dentelle de verre et différentes qualités de matière), qui suscitent surprise et émotion.

Si Roberto Avila privilégie la pâte de verre au soufflage, c’est pour une question de « tempérament et de rythme », mais aussi parce que « cette technique sculpturale offre une multitude de possibilités dans le rendu et les nuances de la matière ». D’origine espagnole, né en Haute-Savoie, cet ancien assistant d’Etienne Leperlier décroche en 2004 un diplôme de compagnon verrier au CERFAV (Centre européen de recherches et de formation aux arts verriers) puis anime au CIRVA (Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques) l’atelier pâte de verre où il se confronte à la rigueur d’artistes internationaux. Dans l’atelier qu’il occupe aujourd’hui au coeur de la cité d’art Danzas, à Saint-Louis en Alsace, son goût pour l’anatomie, la science-fiction et la BD confère toujours une dimension surréaliste à ses oeuvres, qui intègrent aussi le caractère imprévisible de la matière.

Ainsi, la singularité de Trozo de espuma (« Morceau de mousse » en espagnol) tient d’abord à son statut clairement assumé de « pièce accidentelle », née d’une erreur de manipulation. À l’origine, la rencontre violente de l’eau contenue dans un moule en plâtre encore humide et le verre en fusion versé à la louche. Sous l’effet de l’eau transformée en gaz, le verre a gonflé comme un soufflé, brutalement refroidi par l’ouverture du four. C’est cette réaction qui est saisie dans la pièce, son polissage ayant révélé par transparence le cheminement fantomatique du gaz dans la matière en fusion. Sous sa fine croûte de verre, ce pavé de dentelle d’une légèreté insoupçonnée évoque aussi bien l’émulsion culinaire que le bouillonnement géologique d’un volcan. « J’inclus désormais l’humidité dans d’autres expériences, creusant ce filon comme un explorateur », explique Roberto Avila qui, fasciné d’ordinaire par les blessures du corps, fige dans cette pièce énigmatique « les stigmates d’un chaos ».

Découvrez la pièce lauréate au sein de l’exposition des pièces sélectionnées pour la région Grand-Est jusqu’au 22 mai au Musée Théodore Deck et des Pays du Florival, Guebwiller (68500), 1 rue du 4 février.
Entrée libre jeudi et vendredi de 14h à 18h et samedi, dimanche et jours fériés de 10h à 12h et de 14h à 18h.